TÉMOIGNAGE : MON PARCOURS AVEC LE ROCD
L’ARRIVÉE SOURDE DU ROCD
Le TOC du couple est un TOC qui ne se voit pas, il est invisible. Toutes les compulsions, les questions se font dans la tête. Avec ce TOC on doute en permanence sur notre couple, « est-ce-que je l’aime ou pas ? », « mince je crois que je tombe amoureuse d’un autre », alors qu’en fait on ne se retournerait même pas sur un autre en temps normal. On pense que la meilleure solution serait de quitter son partenaire, mais bizarrement, on n’y arrive pas. On ne veut pas. Certaines personnes le font et sont très malheureuses ensuite. Elles ne le font pas par rapport à des tromperies, de la violence ou par lassitude, qui sont de « bonnes raisons », mais par rapport à des angoisses. Vous allez comprendre :
J’ai déclenché ce TOC en 2016, j’étais en plein dans mes études. Mon conjoint (avec qui je suis toujours) m’avait demandée en mariage au début de l’année ce que j’avais accepté avec joie. Ensuite nous nous sommes pacsés en attendant de pouvoir nous marier tranquillement en ayant chacun une situation professionnelle. Parfois il n’y a pas d’élément déclencheur, parfois c’est selon le contexte familial, les parents, etc.
Ce Pacs m’angoissait. Je me disais, « alors c’est lui l’homme de ma vie ? Je ne me trompe pas ? De toute façon dans le pire des cas, un Pacs, ça se rompt ». J’avais ce stress intérieur qui montait en moi. Je suis alors allée voir des camarades de promo qui étaient en couple depuis longtemps avec chacune des enfants, pour leur demander des conseils. Elles m’ont dit que si j’étais capable de le supporter dans toutes les situations du quotidien (par exemple quand il laisse traîner ses chaussettes), c’est que j’étais prête à vivre avec lui. On vivait déjà ensemble depuis plus de 6 mois. Je me suis alors posé la question, « tu veux le quitter ? » La réponse était un non catégorique, c’est alors que ce TOC non identifié m’a laissée tranquille quelques mois durant. C’est pendant l’été qu’il est revenu et que j’ai connu les joies des crises d’angoisse.
ROCD : PRISE DE CONSCIENCE
C’était à la fin du mois de juillet, je culpabilisais de ne toujours pas avoir trouvé de job d’été, dans mon ancienne ville cela se faisait toujours plus facilement. Je regardais Titanic avec mon conjoint et je ne me sentais pas sereine. J’échangeais à ce moment là des textos avec une amie qui venait de trouver l’amour après quelques temps difficiles. J’étais heureuse pour elle, mais je me posais tout un tas de questions sur mon couple, tout avait l’air parfait pour elle.
C’était pire le lendemain et le mois qui a suivi. Je me posais des questions jusqu’à l’obsession sur mon couple. Je lisais tous les articles sur l’amour, la séparation. Là où j’ai su qu’il y avait un problème, c’est que j’étais incapable de le quitter, rien n’était brisé entre nous. Il n’y a jamais eu d’infidélité, de manque de respect, de violence, pour finir il ne m’a jamais fait pleurer. Ces pensés ou ces questions qui tournaient du matin au soir me rendaient malade intérieurement, à l’extérieur on ne voyait rien. De toute façon qui aurait pu voir ? J’étais toute la journée toute seule, mon conjoint travaillait. J’avais cette douleur dans la poitrine, ces questions qui tournaient ; je trouvais tous les défauts à mon conjoint, il est trop ci, pas assez cela…
Alors je l’ai mis au courant de mon problème. Je lui faisais des câlins, en réclamais même pour me rassurer me dire que je l’aimais encore pour ressentir quelque chose, je lui ai même écrit une lettre d’amour. Avec l’angoisse, le TOC on ne ressent plus aucune émotion. J’attendais avec impatience la reprise des cours pour retrouver un rythme et penser à autre chose.
COMMENT J’AI RÉAGI : MES SOLUTIONS
Au bout d’un moment au lieu de passer mon temps à ruminer, c’est à dire me lever le matin, attendre que la journée passe, me coucher le soir, en me posant des centaines de questions qui aboutissaient à d’autres questions – Je me réveillais même la nuit en sueur en pleine crise d’angoisse et je mettais 2 heures à me rendormir… J’ai décidé de prendre le problème sous un autre angle. Je n’avais pas les finances pour consulter un psy : je me suis dit que je me soignerai seule. A force de traîner sur les forums pour me rassurer (ce qui empire le TOC), j’ai découvert que j’avais le ROCD : le TOC du couple. J’ai alors commencé par traiter les ruminations en premier, grâce à des vidéos YouTube, j’ai commencé à sortir la tête de l’eau.
J’ai suivi les conseils de psy ou de comportementalistes. La première chose à se dire quand on commence à ruminer c’est :
« Il n’y a pas de réponse intelligente à une question qui n’a pas de sens »
Si les ruminations ne passent pas, il faut ouvrir un carnet, noter ses questions et y répondre jusqu’à ce que l’on en ai marre… et ne pas en avoir peur. C’est vous le boss, pas vos pensées. Cela sert à prouver à notre cerveau que ces questions sont vraiment inutiles. Au bout de quelques temps on ne ressent plus le besoin d’écrire et on a les idées plus claires.
L’EFT
Ensuite j’ai découvert l’EFT grâce à Sarah Frachon, voici sa chaîne. Cela peut paraître ridicule voire totalement absurde au départ, il n’empêche que cela fonctionne. Il s’agit de tapoter sur certains endroits du corps, là où se trouvent notamment les points d’acupuncture, en se répétant des phrases qu’on appelle des rondes. C’est très bien contre l’anxiété c’est comme un baume apaisant. On part de l’état de la situation, du négatif pour arriver au positif. Cela sert à l’acceptation de son problème.
J’ai découvert l’EFT lors d’une crise à 4h du matin. Imaginez moi dans mon lit en train de tapoter… J’ai suivi les règles avec assiduité, j’ai mis un réveil à 18h pendant 3 semaines pour être sûr de n’oublier aucun jour de tapping sans quoi il faut recommencer.
Cela n’a pas guéri mon TOC mais je me suis tout de suite sentie bien mieux, mon schéma de pensée a changé. Dites-vous que le conscient représente 2% et l’inconscient 98% de notre psychisme. On peut en conclure que vos pensées ne sont que des pensées, vous seul(e) savez au fond de vous (dans votre inconscient), le vrai.
LA COHÉRENCE CARDIAQUE
J’ai aussi commencé la respiration synchronisée cardiaque qui m’a appris à me calmer, ce que je ne savais pas faire auparavant. J’ai par la suite connu quelques petites crises. Je me suis quand même rendue chez une psychologue pour régler ce qui me pesait sur le couple de mes parents et parler un peu du mien. C’étaient cinquante euros bien investis. Concernant mes parents j’ai compris que la situation était telle qu’elle était et qu’on ne pouvait rien changer. Pour mon amoureux, j’ai compris que notre situation était plutôt bien, qu’on ne s’engageait pas sur un coup de tête. J’ai également appris que j’étais hypersensible, moi, la fille extravertie. Et que je souffrais d’anxiété (trouble anxieux).
J’ai accepté tout ça. Un mois après j’ai fait une énorme crise. Je vivais toute seule à ce moment là car je faisais mes études dans une autre ville, 3 jours par semaine. Je n’ai presque rien pu avaler pendant 3 jours. Je pleurais chez moi, je ne voulais appeler personne.
C’est alors que j’ai découvert un groupe d’échange sur le ROCD sur Facebook, et le fait de l’intégrer m’a permis de sortir la tête de l’eau de voir que l’on pouvait s’en sortir. J’ai donné des conseils, on m’en a donné énormément. Je remercie ces personnes encore aujourd’hui d’être là.
MES CONCLUSIONS
J’ai eu beaucoup de chance je me suis remise de tout cela assez vite. Certaines personnes ont besoin d’antidépresseurs, d’anxiolytiques et d’une longue thérapie, ce qui n’a pas été mon cas.
• Ce qu’il faut retenir, c’est que nous sommes maître de nous-mêmes.
• Que l’amour n’a pas de règle. Ne vous fiez pas aux films, à vos amis, c’est votre histoire, ne vous comparez pas aux autres.
• Que l’amour, ce n’est pas de la passion 100% tout le temps. Il y a des jours où l’on aime moins que d’autres, et c’est normal.
• Et que l’on vit dans un monde où l’on a la possibilité de rencontrer beaucoup de personnes. On doit se rappeler que ce monde n’est pas un supermarché du prince charmant. Le prince charmant n’existe pas, arrêtez de le chercher. Il y a des personnes avec des défauts mais aussi de grandes qualités, ne l’oubliez jamais.
Alors oui mon homme est trop gros, il a fait moins d’études que moi. Mais il n’empêche que c’est la meilleure personne que je n’ai jamais rencontrée. Il ne m’a jamais fait pleurer, jamais jugée ou traitée de folle quand je lui ai avoué que j’avais ce TOC. Il était présent même s’il ne comprenait pas ce qu’il se passait. Vous voulez connaître la meilleure ? Nous nous marions l’année prochaine et je compte bien en faire le père de mes enfants.
Les personnes normales ne peuvent pas comprendre ce TOC, car elles ne se posent pas toutes ces questions qui deviennent des ruminations obsessionnelles et angoissantes. Pour moi, avant tout cela, quand une histoire devait se finir, elle se finissait. Dans la douleur certes mais c’était terminé sans questions obsessionnelles.
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