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Les formes du ROCD

Mis à jour le Lundi 2 Octobre 2017 — Sylvaine Belloni

Le trouble ROCD tourne autour de deux formes :

  1. Le partenaire : Les sentiments à l'égard du partenaire (toc de type classique) ou les sentiments du partenaire à l'égard de l'obsessionnel (toc de type inversé)

  2. La relation : L'évaluation personnelle de la légitimité de la relation

 

Le site www.rocd.info a emprunté un vocabulaire informel et non officiel par nécessité, afin que les membres du groupe de soutien puissent s'exprimer avec les bons termes pour parler de leur toc et comprendre les personnes qui parlent de leur toc. Ainsi, les termes "toc classique" et "toc inversé" ne sont pas officiels, mais ils permettent d'élargir le vocabulaire qui permet la compréhension du ROCD en interne.

1.1. Toc classique : Les sentiments à l'égard du partenaire

L’obsessionnel va développer des pensées intrusives au sujet de son partenaire, au sujet des sentiments qu’il/elle porte vers le partenaire. Ce sont des pensées de type "je me teste continuellement pour savoir si je ressens des sentiments à l'égard de mon/ma partenaire". Cependant, à vouloir ressentir quelque chose qui est physique en intellectualisant la chose, l’obsessionnel se coupe des émotions.

 

1.2. Toc inversé : Les sentiments du partenaire à l’égard de la personne qui souffre du toc

L’obsessionnel va développer des pensées intrusives au sujet de son partenaire et sur les sentiments qu’il/elle lui porte. Les phrases du type "je doute continuellement des sentiments de mon partenaire à mon égard", "m'aime t’il/elle ?" "N'est-il pas avec moi par défaut ?". Le manque de confiance en soi peut engendrer ce type de pensée qui peut dégénérer sur une jalousie excessive, un besoin crucial de vérifier tous ses faits et gestes, et entraîne des fixations sur les sentiments et le passé amoureux du partenaire.

Cette partie là peut être appelée "le toc inversé" car on ne doute plus de soi mais de son partenaire.

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2. L'évaluation personnelle de la légitimité de la relation (toc classique & inversé)

L’obsessionnel va développer des pensées intrusives au sujet de sa relation, avec des pensées de type "je vérifie sans cesse si je suis bien avec la bonne personne", "est-on vraiment fait pour être ensemble ?", "la relation est-elle normale ?". Ces pensées vont l’inciter à se référer aux couples qu’il/elle voit autour de lui/elle en commençant par ses parents et ses amis. La tendance va être qu'à chaque rupture autour de l’obsessionnel, cela peut impacter la vision du couple pour l’obsessionnel, mais aussi en cas de réconciliation de leurs couples d'amis ou de nouveaux couples.

Les deux formes du trouble évoquées plus haut dans cert article ont été mises en avant par Doron et al (2012) "Relationship-Centered OC symptoms".

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L'obsession sur la relation

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L'obsession sur la relation est basée sur plusieurs points :

- Doutes obsessionnels

- Préoccupations intenses sur la relation

- Vérifications multiples (Site internet, questionnement auprès de notre entourage...) dans le but de se "rassurer" (la réassurance est le fait de chercher la présence d’un objet ou d’une personne permettant d’affronter la situation phobogène - objet contrephobique)

 

La "personnalité ROCD" et les difficultés des personnes qui souffrent du ROCD

Les précédentes recherches ont indiqué que les personnes qui souffrent de toc avaient, contrairement à l'ensemble de la population, des perturbations dans le fonctionnement relationnel y compris la faible probabilité de mariage et l'augmentation des troubles maritaux (Emmelkamp, de Haan, & Hoogduin, 1990; Rasmussen & Eisen, 1992; Riggs, Hiss, & Foa, 1992).

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Dans une deuxième étude, Doron et al, (2012) ont réétudié le trouble sur la relation et ont mit en lien les phénomènes de TOC centrés sur la relation, les symptômes et cognitions sur les TOC, les effets négatifs, la baisse du respect de soi et les différentes variables de relation comme l'insécurité de la relation (peur de l'abandon par exemple).

 

Leurs découvertes ont montré les associations positives entre les résultats du toc sur la relation et ces mesures théoriques. De plus, le trouble sur la relation a significativement engendré une insatisfaction sur la relation associée à la dépression en plus des symptômes type TOC, peur de l'abandon, etc. L'article de Doron et al, (2011) s'intitule "Tainted love: Exploring relationship-centered obsessive compulsive symptoms in two non-clinical cohorts"

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L'obsession sur le partenaire

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Ce trouble tourne autour de six dimensions :

- Apparence physique

- Sociabilité

- Valeurs et moral

- Stabilité émotionnelle

- Intelligence

- Compétences

 

Apparence physique

L’obsessionnel va focaliser sur les défauts physiques du partenaire ("il est trop mince", "il est trop gros", "il n'a pas une belle peau", "il ne sent pas bon", etc). La focalisation va entrainer une "sorte" de dégout à l'égard du partenaire.

 

Doron et al (2012) ont mis en avant une "hyper attention" à l'égard du physique de son partenaire, rappelant une forme de "dysmormophobie" mais à l'égard du partenaire. On qualifie donc dans le cadre du toc du couple, le dégoût et l’hyper-attention sur le physique du partenaire, par la dysmorphophobie. La dysmorphophobie est en général tournée vers l’individu lui-même, mais dans le cadre du ROCD, elle est tournée vers le partenaire. L'obsessionnel en viendra à analyser chaque détail de l’apparence de son partenaire, et à ressentir de fortes angoisses, voire des crises de panique dans certains cas, lorsqu’une pensée intrusive sur le physique du partenaire vient perturber l’obsessionnel.

 

Définition de la dysmormophobie : Préoccupation exagérée manifestée par quelqu'un au sujet de l'aspect disgracieux de tout ou partie de son corps, que cette crainte ait un fondement objectif ou non. En lire davantage dans le Lexique.

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Sociabilité

L’obsessionnel va se focaliser sur la sociabilité du partenaire ("il a trop d'amis", "il n'a pas beaucoup d'amis", "il parle trop facilement aux gens" ou bien "il ne parle à personne").

 

Valeurs et morale

L’obsessionnel va remettre en cause les valeurs du partenaire et douter de la compatibilité des valeurs du partenaire avec les siennes dans la construction d'une relation à long terme.

 

Stabilité émotionnelle

L’obsessionnel va remettre en cause la maturité émotionnelle du partenaire ("il n'est pas prêt à s'engager", "il n'est pas assez mur pour envisager une relation stable").

 

Intelligence

L’obsessionnel va remettre en question l'intelligence du partenaire et focaliser sur toutes les phrases que pourra dire son partenaire justifiant qu'il n'est pas assez intelligent ou brillant pour avoir une relation avec lui/elle.

 

Compétences

L’obsessionnel va remettre en question les compétences de son partenaire sur tous les domaines et notamment professionnels ("il n'a pas d'ambition", "son travail n'est pas valorisant", "il n'a pas un travail intéressant", "je ne peux pas être avec un(e) [activité professionnelle]", etc).

 

L'ensemble de ces remises en causes va entrainer un éloignement avec le partenaire et entrainer le doute sur la viabilité du couple. Les questionnements ne sont pas exhaustifs, d'autres questions peuvent intervenir sur un schéma différent mais toujours sur les mêmes thèmes. L’obsessionnel focalise uniquement sur les défauts du partenaire, comme un besoin irrépressible de perfection (tendance pathologique typique chez les obsessionnels) et ce même si le partenaire correspond réellement aux attentes. Le questionnement perpétuel et le doute vont accentuer la mise en avant de défauts "imaginés" et non réels.

 

Les six dimensions du trouble ont été mis en avant dans l’article

"Flaws and All: Exploring Partner-Focused Obsessive-Compulsive Symptoms" (Doron et al, 2012).

 

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De nombreux journaux (Juin 2014) ont diffusés des articles suite aux études du Dr Guy Doron (rocd.net). Ces articles nous informent que les personnes en couple qui s'interrogent constamment s'ils aiment ou non leur partenaire, s'ils ont trouvé "le/la bon(ne) personne", peuvent connaître le toc du couple.

 

On pourrait aussi ajouter la dimension sexuelle aux dimensions d'obsession sur le partenaire.

 

Sexualité

Une étude récente a démontré que les personnes qui développaient ces symptômes étaient moins satisfaites de leur vie sexuelle que ceux qui ne subissaient pas le ROCD. Dans l'étude, les personnes avec les symptômes du ROCD, ce qui inclut des habitudes telles que réévaluer s'ils aiment leur partenaire, douter de l'amour de son partenaire ou bloquer, ruminer sur des défauts (physiques, mentaux etc), étaient moins enclins à être satisfaits de leur vie sexuelle à la différence de ceux sans ces symptômes. Ce faible niveau de satisfaction sexuelle a été expliqué par une diminution de la satisfaction dans le couple. En d'autres mots, il semble que les symptômes du ROCD réduisent le bonheur du couple, qui en retour affecte la vie sexuelle.

 

Les recherches de l'article "Right or Flawed: Relationships Obsessions and Sexual Satisfaction" par Doron et al, (n.d.) publié en ligne en juin dans le Journal of sexual Medicine, pourraient avoir des implications sur le traitement de quelques personnes avec l'insatisfaction sexuelle et relationnelle, expliquent les chercheurs. "Les symptômes du ROCD sont souvent négligés par la famille et les thérapeutes de couple" explique le chercheur Guy Doron, de l'école de Psychologie du centre interdisciplinaire de Herzliya en Israël. Les nouvelles découvertes signifient que les problèmes sexuels des personnes peuvent provenir du ROCD et ne pas le savoir, dit Doron.

 

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Rédaction : Sylvaine Belloni

Ajouts et schéma : Valéria Bard

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