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POUR LE PARTENAIRE
Pour le partenaire : petit guide pratique
Mis à jour le Dimanche 8 Octobre 2017 — Valéria Bard
Être partenaire d’un(e) obsessionnelle du ROCD, ce n’est pas facile. Bien que la personne avec qui vous soyez en couple souffre de sa condition et n’a pas choisi d’être constamment entravé par des ruminations dans son amour pour vous, votre souffrance est tout à fait légitime également. Nous avons donc préparé un petit guide pour vous les partenaires qui êtes en couple avec une personne qui souffre du ROCD. Cette lecture vous aidera à comprendre votre partenaire et à agir de la bonne façon pour le soutenir tout en vous préservant.
Il existe grossièrement quatre différents types de partenaires — bien qu’en réalité d’autres tendances existent, celles-ci sont celles sur lesquelles nous nous concentrons. Notez aussi qu'il est possible d'alterner entre chaque type de partenaire, ce qui est assez courant.
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1) Le partenaire qui veut se positionner en sauveur (triangle dramatique de Karpman) et souffre à son tour
2) Le partenaire qui ne cherche pas à comprendre, s’énerve, et menace de rompre
3) Le partenaire qui souffre psychologiquement sans parvenir à s’en sortir
4) Le partenaire qui écoute tout en mettant ses limites
Le partenaire qui adopte le rôle du sauveur
Le sauveur, c’est celui/celle qui se sent porté(e) par un devoir d’aider quelqu’un, en l’occurrence votre partenaire obsessionnel, au risque de vous approprier son cheminement vers l’habituation (on évite le terme guérison qui n’est pas approprié, on parle d’habituation). Dans une certaine mesure, il faut garder un bout du personnage du sauveur, c'est très motivant pour votre partenaire même si il/elle ne le montre pas. Il faut cependant comprendre qu’il n’y a pas de « guérison magique », et que seule la patience, le travail et surtout, la volonté de travailler sur soi, peuvent amener à une habituation. Sachez aussi ne pas vous approprier le chemin vers l'habituation et respectez le rythme et la souffrance de votre partenaire. Bien des fois, on ne peut pas revêtir des lunettes roses en faisant fi de la souffrance. Il est également très important pour vous de vous protéger. Personne n’a les épaules pour écouter à longueur de journée quelqu’un lui dire à quel point il/elle n’est pas sûre de ses sentiments envers... vous. Ce n’est ni votre rôle d’écouter ces pensées, ni souhaitable (important : lire la section du site sur la réassurance). En revanche, c’est à votre partenaire à apprendre à bien communiquer avec vous sur le sujet, et cela revient à vous en dire le minimum. Cela revient davantage à vous informer de façon concise « je suis angoissé(e) pour le moment » et vous communiquer ses besoins « alors, pourrais-tu m’enlacer / me laisser seul(e) / me parler ? ».
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Le partenaire qui refuse de comprendre et s’énerve
Pour le partenaire qui ne cherche pas à comprendre, s’énerve et menace de rompre, la priorité serait d’abord de casser la source de l’énervement : l’incompréhension. Pour cela, vous pouvez lire chaque section de ce site sur le ROCD, qui est un toc. Ses formes, son mécanisme, ainsi que sur le fonctionnement des tocs invisibles, leur origine, le diagnostic et les symptômes du ROCD, le ROCD expliqué par un docteur, etc. Vous comprendrez alors que ce toc est un trouble psychologique et neurologique : votre partenaire obsessionnel n’a pas décidé d’avoir le toc, neurologiquement votre partenaire est différent des autres et a une tendance à l’hypersensibilité qui peut engendrer l’existence de tocs. Vous comprendrez aussi comment arrivent et fonctionnent ces pensées, et en quoi elles ne sont pas une insulte envers vous et votre égo. Il s’agit en réalité de pensée qui font souffrir violemment votre partenaire, de façon invisible. Vivre avec le toc du couple, c’est comme si un drame terrible vous affectait de façon à vous rendre déprimé pendant une longue période, et à vous faire ressentir des symptômes physiques et psychologique d’anxiété… et en plus de cette déprime, c’est comme si vous deviez résoudre une énigme à laquelle personne ne connaît la solution, sans quoi vous perdriez la personne que vous aimez le plus. Vous devinez globalement ce qui se passe dans la tête et le corps d’un obsessionnel, ainsi qu’émotionnellement. En plus de vous instruire sur le TOC, vous pouvez terminer cet article et continuer à la section " Thérapie & Techniques " qui explique, liste, et la section " Documents " offre en téléchargement des techniques pour gérer le ROCD. Cela vous aidera à vous impliquer davantage avec votre partenaire… Attention toutefois à ne pas tomber dans le rôle du sauveur décrit ci-dessus.
Le partenaire qui souffre psychologiquement sans parvenir à s’en sortir
Pour d’autres, il est tout à fait crédible et envisageable que le partenaire souffre du ROCD, et qu’il s’agisse d’un trouble. Ces partenaires qui sont compréhensifs le sont peut-être trop, au risque de s’oublier eux-mêmes. Certains partenaires en viennent à eux-même souffrir psychologiquement, et puisqu’ils vivent « dans l’ombre » de leur obsessionnel de conjoint(e), ils s’imaginent que leur souffrance est moindre, qu’ils n’ont pas à se plaindre ou encore qu’ils n’ont pas le besoin ou la légitimité à se faire aider. Une phrase pour vous qui devrait devenir un proverbe en société, « on va voir un docteur quand on souffre de la grippe, de la même façon que l’on va voir un psychologue quand on souffre émotionnellement. ». Vous n’avez pas « besoin » d’avoir un trouble psychologique pour vous rendre chez un thérapeute, les professionnels de la santé mentale ne sont pas présents uniquement que pour les personnes avec des diagnostics de troubles et maladies mentales. Ils sont présents aussi pour les « passages à vide », les blessures émotionnelles entre autres. Lisez-en davantage sur les types de thérapeutes dans la section de notre site "choisir son thérapeute". Dites-vous bien que de très nombreuses personnes vont voir un psychologue parce qu’elles souffrent d’une rupture mal digérée ou de disputes parents-enfants. Pensez-vous que vous, qui devez vivre avec un partenaire qui souffre d’un trouble psychologique, avez moins besoin que ces personnes de consulter un thérapeute ? Au contraire, le thérapeute peut vous fournir les clefs pour comprendre le trouble de votre partenaire et pour savoir comment l’aider, tout en mettant vos propres limites et en ne vous oubliant pas. Ne restez pas seul, ne souffrez pas en silence.
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Le partenaire qui adopte le bon rapport distance/présence
Bien évidemment, c’est le dernier cas de figure qui est le plus sain, pour vous, tout comme pour votre partenaire. Pour parvenir à ce rôle distant mais présent, vous pourrez mettre de nombreuses techniques en place, sans que cela ne vous coûte en temps, énergie et en implication : parce que rappelons-le, ce travail sur le ROCD n’est pas le vôtre. Votre implication vis-à-vis du ROCD s’arrête en réalité à la patience, la constance et la répétition… de ce qui suit.
Alors, comment devenir ce partenaire qui gère un bon rapport de présence et de distance ? Commençons par une petite liste des approches à adopter envers votre partenaire.
Que faire et que ne pas faire, pour soutenir mon/ma partenaire ?
1. Pour votre partenaire obsessionnel
- Soutenir votre partenaire de façon générale
- Entendre qu'il s'agit bien d'un trouble et que les propos tenus par le souffrant ne sont parfois que l'écho de ses pensées intrusives et non la véritable nature de celui-ci
- Comprendre qu’il n’y a pas de guérison magique
- L'aider à aller consulter et se soigner : vous pouvez notamment être régulier dans vos rappels sur ses rendez-vous avec son thérapeute « tu as un calendrier de RDV prévus un mois à l’avance ? si ce n’est pas le cas, il faut t’en occuper ! Tu ne dois pas être sans rendez-vous une semaine ». Sachez qu’il est très difficile d’avoir un bon suivi, de trouver le bon thérapeute, et le soutien des proches dans ce domaine est très important.
- Répétez plutôt que de réagir, et soyez patients, ne vous impliquez pas trop : c’est son trouble, pas le votre.
2. Pour vous
- Devenez « égoïste » si votre partenaire obsède et rumine, sachez vous autoriser à prendre un peu des distances afin de vous occuper de vous, de vos priorités pendant quelques heures. Laissez votre partenaire revenir vers vous — Mais communiquez bien sur cela, expliquez lui « je te laisse parce que tu es sous l’emprise du toc, mais ne t’inquiète pas, tu reviens vers moi dès que tu vas mieux ».
- Redirigez ses pensées si votre partenaire commence à vous en parler. Par exemple, « attends, ne me parle pas du contenu de tes pensées ce n’est pas bon pour toi ni pour moi, à la place, écris-les dans ton cahier et/ou appelle la psy. Occupe-toi, détend-toi »
- Laissez passer si sa réaction dure, votre partenaire vous dira après coup à quel point il/elle apprécie votre constance
3. Pour le couple
- Savoir se protéger en ayant des activités extérieures, en ne se renfermant pas sur le couple
- Faites des activités, sortez, faites quelque chose d’actif et non de passif, pour vous changer les idées à tous les deux.
- Faites des projets !
- Les grandes étapes type : mariage, appartement, achat de maison, sont des étapes qui peuvent favoriser le toc, soutenez votre conjoint et rappelez lui dans les moments bas que ce n'est qu'un toc et que ceux ne sont que des pensées et qu'à deux vous y arriverez ! Un couple, c’est savoir avancer et s'engager, alors avancez.
4. Et ce qu’il faut éviter de faire…
- Ne pas prendre personnellement ses mots quand votre partenaire est en panique
- Ne pas faire culpabiliser votre partenaire (le toc se nourrit de culpabilité, vous empireriez la situation)
- Pour autant, ne pas se laisser marcher dessus si vous considérez que l'autre dépasse les limites
- Ne pas lui mettre de pression ni d'ultimatum
- Ne pas dramatiser les choses devant son attitude (si votre partenaire pleure, angoisse, a la nausée, hyperventile, etc.) : ne réagissez pas autrement qu’en tapant son épaule avec légère indifférence, ou l’enlacer si votre partenaire est confortable à cette idée à ce moment précis
- Ne pas vous laisser atteindre par ce que vous voyez : ce n’est pas un drame, ce sont que des symptômes, l’anxiété est une grande dramaturge
- Ne pas chercher absolument une solution. Relaxez-vous, et dites à votre partenaire de se relaxer et d’attendre que « ça passe ». Un trop grand investissement vous coûtera en énergie et espoir, à l’inverse de la patience et de l’investissement moindre.
- Ne pas demander à votre partenaire « à quoi tu penses » ? Vous n’avez pas envie de savoir à quoi il/elle pense et n’en avez certainement pas besoin à ce moment, car ce ne sont pas des pensées habituelles ni utiles
La rupture
Si jamais votre partenaire vous pousse à bout vers une rupture, n’hésitez-pas à lui rappeler que c’est son choix, mais qu’il/elle doit cesser complètement de vous en parler à moins qu’il/elle veuille vraiment le faire, car vous n’avez pas à subir cela. C’est à ce moment que votre partenaire obsessionnel doit sincèrement se rendre en thérapie de façon intensive et envisager de prendre des antidépresseurs (et anxiolytiques en cas de crise) en fonction de l’avis de son psychiatre ou généraliste. Si votre partenaire refuse de se faire aider et souffre terriblement tout en vous faisant souffrir, vous ne pouvez pas vous substituer à un thérapeute. Votre partenaire a le droit de « penser à la rupture » mais pas de vous en parler, à moins que ce soit sincère et définitif.
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Un ebook pour les partenaires des obsessionnels du ROCD existe en anglais et a été traduit en français. Il est accessible aux membres uniquement, dans l'onglet documents et la section "eBooks".
Rédaction : Valéria Bard